Républicains, car nombre d’entre eux sont opposés à la monarchie. Elle reste connue sous le nom de « bataille d'Hernani », du nom d'une pièce de Victor Hugo que l'on jouait ce soir-là pour la première fois à la Comédie-Française ! L'incipit de cette histoire y est rédigé comme suit : « De ceux qui, répondant au cor d’Hernani, s’engagèrent à sa suite dans l’âpre montagne du Romantisme et en défendirent si vaillamment les défilés contre les attaques des classiques, il ne survit qu’un petit nombre de vétérans disparaissant chaque jour comme les médaillés de Sainte-Hélène. Théophile Gautier, Histoire du romantisme, chapitre I, cité par Florence Naugrette. Cette thèse a donné lieu à des publications, par exemple dans la Revue d'Histoire maritime, et à des conférences dans des colloques scientifiques. Aussi Hugo décida-t-il de se passer de leurs services et de recruter sa propre claque. Tous ceux-là étaient favorables à Hugo, soit pour avoir adhéré aux thèses de la préface de Cromwell, soit parce qu'il s'agissait d'un auteur qui était en butte à la censure du gouvernement. Mais la principale source qui contribua à fixer les images de la légende de la bataille d'Hernani, c'est chez Théophile Gautier qu'il faut l'aller chercher, plus précisément dans cette Histoire du romantisme dont l'écriture occupa les derniers mois de sa vie, en 1872. Le 25 février 1830, Victor Hugo remporte la bataille d’Hernani. Il semblerait en effet que déjà à cette époque, le public n'entendait plus la pulsion rythmique des vers, ce qui le rendait donc incapable de se rendre compte des transgressions commises par Hugo par rapport à la versification classique[104]. — Minuit bientôt » entre le roi et don Ricardo (Acte II, scène 1) le consternait[105]. Estimant qu'ils les avaient interrompues trop tôt (la pièce fut arrêtée au bout de trente-neuf représentations[121]), Hugo leur intenta un procès, et leur retira le droit de jouer Marion de Lorme, dont le nouveau régime avait levé l'interdiction qui pesait sur elle[122]. Par ailleurs, Stendhal s'insurgeait contre le fait que l'esthétique au théâtre demeurât au XIXe siècle ce qu'elle avait été aux deux siècles précédents : « De mémoire d'historien, jamais peuple n'a éprouvé, dans ses mœurs et dans ses plaisirs, de changement plus rapide et plus total que celui de 1770 à 1823 ; et l'on veut nous donner toujours la même littérature ! Par ailleurs, Alexandre Dumas, qui se flattait d’avoir, avec sa pièce Henri III, remporté « le Valmy de la révolution littéraire » souligne que les comédiens français, pris dans leurs habitudes, se montraient incapables de passer du tragique au comique comme l’exigeait la nouvelle écriture du drame romantique. Avant la première représentation d'Hernani, la « claque » fut réunie. Néanmoins, malgré la qualité de leurs acteurs, malgré aussi le recrutement par le baron Taylor du décorateur Ciceri, qui révolutionna l'art du décor au théâtre[50], les représentations au Théâtre-Français se déroulaient devant des salles presque vides, tant il était notoire que l'on s'y ennuyait à « écouter de pompeux déclamateurs réciter avec méthode de longs discours », ainsi que l'écrivait en 1825 un rédacteur du Globe, journal il est vrai peu favorable aux néo-classiques[51]. Du côté du Théâtre-Français, après l'interruption causée par la Révolution de Juillet, les comédiens se montrèrent peu pressés de reprendre les représentations d'Hernani. C'est ainsi, par exemple, que la réplique où dona Sol s'exclame : « Venir ravir de force une femme la nuit ! Mais si le sujet de ces pièces était suffisamment audacieux pour provoquer des conflits parfois violents, leur forme restait académique ; avec Christophe Colomb, représenté en 1809 au théâtre de l'Odéon (alors appelé théâtre de l'Impératrice), le dramaturge Népomucène Lemercier entreprit en revanche de s'affranchir des unités de temps et de lieu, de mêler les registres (comique et pathétique), enfin de se permettre des libertés avec les règles de la versification classique : à la première de la pièce, les spectateurs, médusés, ne réagirent pas. Hugo aurait prononcé un discours dans lequel étaient à nouveau mêlées considérations esthétiques, politiques et militaires : « La bataille qui va s'engager à Hernani est celle des idées, celle du progrès. À la fin de la pièce, les ovations succédèrent aux ovations, les acteurs furent acclamés, le dramaturge porté en triomphe jusque chez lui. » Hugo fut contraint de remanier le vers[106]. Lui aussi avait eu maille à partir avec la comédienne[130], et lui aussi, en mars 1830, rencontra des difficultés avec sa pièce Christine, qui d'abord fut censurée puis, après modifications, connut une première représentation houleuse[131]. Lors de sa première représentation sur scène, Hernani a déclenché de virulents mouvements de contestation de la part des défenseurs du classicisme, auquel s’oppose à l’époque le mouvement du romantisme. Le système français, expliquait-elle, par le choix des sujets tirés d'une histoire et d'une mythologie étrangères, ne pouvait remplir le rôle qui était celui de la tragédie historique « allemande », qui renforçait l'unité nationale par la représentation de sujets tirés, justement, de l'histoire nationale. Conformément aux usages de l'époque, les rôles étaient distribués sans que soit pris en compte le rapport entre l'âge des acteurs et l'âge supposé des personnages. Excusez du peu... Victor Hugo, alors âgé de 27 ans, est déjà un écrivain à succès. Une lettre pour tous les passionnés d'Histoire, Publié ou mis à jour le : 2019-06-23 18:22:33. Voilà tous ces jeunes gens obligés d’attendre depuis 3 heures jusqu’à 7, sur leurs banquettes, sans pouvoir bouger. Les prisonniers cherchèrent un lieu élevé, reculé, sombre, dans le théâtre, pour remplacer celui qui, par l’absence des ouvreuses, leur faisait défaut. Toutes les manifestations de la querelle d'Hernani ne furent pas aussi plaisantes que ces parodies : un jeune homme fut tué dans un duel, en défendant les couleurs de la pièce de Victor Hugo[114]. Or, Firmin, rompu aux habitudes de la diction des vers classiques, marquait la pause à l'hémistiche. Revendiquer la liberté dans l'art, c'est revendiquer du même pas la liberté de la presse, la liberté d'expression, les libertés politiques. Cette date reste écrite dans le fond de notre passé en caractères flamboyants : la toute première représentation d'Hernani ! Le Cénacle tient ses réunions chez Hugo lui-même, à Paris, rue Notre-Dame-des-Champs, dans la « chambre au lys d'or » (elle tient son nom de la fleur remportée par Hugo à l'âge de 17 ans aux Jeux Floraux de Toulouse). En utilisant l’Espagne comme cadre pour Hernani, l’écrivain s’exprimait pour une fois librement et s’affirmait comme chef de file du romantisme. Le décor représentait une chambre à coucher. Les deux représentations qui suivirent eurent autant de succès : il faut dire que le baron Taylor avait prié Hugo de faire revenir sa « claque » (qui n'aurait plus à passer l'après-midi dans le théâtre), et que pas moins de six cents étudiants formaient la troupe des partisans de l'écrivain[99]. de l'académie de Lille, « Hugo et l'alexandrin de théâtre aux années 30 : une "question secondaire" », Extrait reproduit sur le site du C.R.D.P. Il s’ensuivit des accidents fâcheux pour les belles dames aux souliers blancs ou roses qui avaient leur loge au quatrième. La pièce fut finalement représentée en novembre 1789, avec le tragédien François-Joseph Talma dans le rôle principal. Il leur restait quatre heures à attendre dans le noir avant que n'arrivent les autres spectateurs. Le « j'en passe et des meilleurs » par lequel il y était mis un terme devint proverbial[99]. Mais retournement de situation en juin 2019 ! Ainsi Cromwell était-il à la fois un Tibère et un Dandin[22]. » (cf. On espérait à la préfecture que des échauffourées éclateraient, obligeant à disperser cette foule de jeunes gens anticonformistes[96]. Troublé par cette présence si imposante et si charmante, confus dêtre si peu de chose à votre endroit, que vous remplissez d... Lire la suite. Des mots étaient échangés dans la salle entre les partisans et les adversaires. Choisissant de raconter les chahuts occasionnés par Christine, Le More de Venise et Hernani, et faisant de sa propre pièce le paradigme des résistances rencontrées par le mouvement romantique, il tend dans ses Mémoires à minorer le caractère marquant des évènements qui entourèrent les représentations de la pièce de Hugo[132]. Écrite au moins partiellement pour répondre aux thèses de Stendhal[14], elle proposait une vision nouvelle du drame romantique. Hugo demanda, et obtint, un entretien avec le vicomte de Martignac, ministre de l'Intérieur de Charles X, qui était personnellement intervenu pour faire interdire la pièce[57]. Ainsi, Firmin, âgé de 46 ans, interpréterait Hernani, censé être âgé de 20 ans. C'était l'âge de Bonaparte et de Victor Hugo à cette date »[88]. […] Lorsque l'auteur se présenta chez son actrice avant le lever du rideau, comme c'était son habitude, Mlle Mars lui dit de cet air de maîtresse d'école revêche qui lui était particulier :- Vous avez de jolis amis, monsieur, je vous fais mon compliment […].- Madame, vous serez peut-être bien aise ce soir de trouver mes amis pour combattre vos ennemis. Ce manifeste du drame romantique fut diversement reçu, suivant l'âge de ses lecteurs : « il irritait ses aînés, ses contemporains l'aimaient, ses cadets l'adoraient », explique le biographe de Hugo Jean-Marc Hovasse[27]. Bien avant sa première représentation, la pièce cristallise déjà les tensions entre ces deux courants. Certes, Shakespeare était encore glorifié, comme étant la synthèse de ces trois grands génies que furent Corneille, Molière et Beaumarchais[15], les unités de temps et de lieu étaient perçues comme accessoires (l'utilité de l'unité d'action était en revanche réaffirmée[16]), Hugo retrouvant l'argument de Lessing qui trouvait absurdes les vestibules, péristyles et antichambres dans lesquels, paradoxalement au nom de la vraisemblance, se déroulait l'action de la tragédie[17]. Le plus prestigieux des lieux de représentation officiels, le Théâtre-Français, comptait 1 552 places (qui valaient entre 1,80 et 6,60 francs[46]) et avait pour vocation de promouvoir et de défendre le grand répertoire dramatique : Racine, Corneille, Molière, Marivaux parfois, Voltaire et ses continuateurs néo-classiques : il était explicitement subventionné pour cette mission. Quant à la théorie des trois âges de la littérature (primitif, antique et moderne), elle était si peu originale qu'on a pu la qualifier de « vraie "tarte à la crème" des littérateurs du temps »[18]. Dans nos archives Michel Winock revenait sur les enjeux de la « bataille d’Hernani ». Ces êtres ainsi tassés faisaient l’effet aux habitants des loges de boucs bivouaquant. Hernani pouvait donc être représenté sur la scène du Théâtre-Français, interprété par les meilleurs comédiens de la troupe. La version du 25 décembre 2008 de cet article a été reconnue comme «, Un siècle et demi de combats pour le théâtre, S'extraire du carcan classique : vers le drame romantique, Critiques du classicisme au théâtre sous l'Ancien Régime, 25 février 1830 : le triomphe de la Première, Franck Laurent, « Le drame hugolien : un "monde sans nation" ? de ta suite j'en suis ! (...), Le dernier film de Lucas Belvaux sera projeté au cinéma Le Champo le 24 novembre 2020. Victor Hugo s'apprête à publier un roman à succès, Notre-Dame de Paris. Qui plus est, la tragédie classique française, qui ne s'intéressait pas au peuple et à laquelle le peuple ne s'intéressait pas, était par nature un art aristocratique, qui par là même renforçait encore la division sociale en la doublant d'une division des publics de théâtre. Ce qui dans le fond gênait Carrel, c'était le brouillage des genres opéré par l'esthétique hugolienne : lui-même considérait avec les « classiques » qu'il y avait un grand genre théâtral destiné à l'élite, la tragédie, et, pour éduquer le peuple, un genre mineur et esthétiquement moins exigeant, le mélodrame. Ce n’était pas tout : d’autres besoins que ceux de l’estomac s’étaient manifestés chez ces êtres insolites. Nous allons combattre cette vieille littérature crénelée, verrouillée […] Ce siège est la lutte de l'ancien monde et du nouveau monde, nous sommes tous du monde nouveau »[94]. Elle annonce la prochaine bataille. Déjà à cette époque on observait que les chahuts étaient le fait de groupes de spectateurs qui avaient parfois organisé au préalable leur manifestation[35]. Le monologue de Don Carlos devant le tombeau de Charlemagne fut acclamé ; les somptueux décors du cinquième acte impressionnèrent le public dans son ensemble. Il y eut néanmoins quelques esclandres, liés principalement à l'emploi d'un vocabulaire trivial jugé incompatible avec l'utilisation de la versification (le mot « mouchoir », notamment, sur lequel se focalisèrent les critiques[41]). Les employés du théâtre contribuaient à leur façon à aider les forces de l'ordre, en bombardant les romantiques d'ordures depuis les balcons (c'est à cette occasion que la légende veut que Balzac ait reçu un trognon de chou en pleine figure[97]). L'alliance entre le grotesque et le sublime ne devait toutefois pas être perçue comme une alliance artificielle qui s'imposerait aux artistes à la manière d'un nouveau code dramatique : il découlait au contraire de la nature même des choses, l'Homme portant en lui ces deux dimensions. Sachant d’avance qu’ils allaient être mis sous le séquestre ils avaient fait provision de pain, de cervelas, de fromage, de pommes, de tout ce qui peut s’emporter dans les poches. D'autant que l'on connaissait, depuis Le Mariage de Figaro, l'effet qu'une pièce de théâtre pouvait avoir sur le public[59] (la pièce de Beaumarchais avait d'ailleurs plusieurs années été interdite de représentation durant la Restauration[60]). Héritière d'une longue série de conflits autour de l' esthétique théâtrale, la bataille d'Hernani, aux motivations politiques au moins autant qu'esthétiques, est restée célèbre pour avoir été le terrain d'affrontement entre les « classiques », partisans d'une hiérarchisation stricte des genres théâtraux, et la nouvelle génération des « romantiques » aspirant à une révolution de l'art dramatique et regroupée … La légende veut que le soir-même de cette représentation, et alors que celle-ci n'était pas encore achevée, Victor Hugo ait vendu les droits de publication de la pièce à l'éditeur Mame pour 6 000 Francs, et que le contrat en aurait été signé sur une table de café[101]. Don Gomez y était renommé Dégommé, dona Sol Quasifol ou Parasol[112]… Quatre pièces parodiques et trois pamphlets (dont la tonalité ironique de l'un, dirigé contre la « cafarderie littéraire », montre qu'il fut en réalité rédigé dans l'entourage de Hugo[113]) furent ainsi lancés dans les mois qui suivirent la première représentation du drame. Nombreux étaient alors ceux qui pensaient que la pièce ne passerait pas la première, et l'on s'arrachait les places de cette unique représentation[82]. Nous avons eu l’honneur d’être enrôlé dans ces jeunes bandes qui combattaient pour l’idéal, la poésie et la liberté de l’art, avec un enthousiasme, une bravoure et un dévouement qu’on ne connaît plus aujourd’hui »[133]. La « bataille d’Hernani » est révélatrice des enjeux qui animent le « Tout-Paris » en 1830. Autrement dit, un théâtre bourgeois[23]. Théophile Gautier, Victor Hugo, "on casse les vers et on les jette par la fenêtre" texte publié en 1902. Notons toutefois l’avis de Sainte-Beuve : « La question romantique est portée, par le seul fait d’Hernani, de cent lieues en avant, et toutes les théories des contradicteurs sont bouleversées ; il faut qu’ils en rebâtissent d’autres à nouveaux frais, que la prochaine pièce de Hugo détruira encore »[120]. Cité par Anne Ubersfeld, in J. de Jomaron. Néanmoins, malgré toutes ces batailles gagnées au cours des dernières années précédant 1830, il revenait à Victor Hugo d'en mener une nouvelle, pour donner droit de cité à sa propre esthétique, qui mettrait sur la scène du Théâtre-Français, non plus une œuvre en prose, comme l'avait fait Dumas, mais un drame en vers qui revendiquerait pour lui-même l'héritage de tous les prestiges de la tragédie, qu'il s'agisse du grand style, ou de la capacité qu'avaient les grands dramaturges classiques de poser les problèmes du pouvoir[42]. La réunion du 30 septembre 1829 est consacrée à la lecture d'Hernani. Conséquence de ce désaveu du public pour une esthétique dramatique qui n'était plus en phase avec les goûts de l'époque, la situation financière du Théâtre-Français était calamiteuse : quand une représentation coûtait en moyenne 1 400 francs, il n'était pas rare que les recettes ne dépassassent pas 150 ou 200 francs[52], à partager en 24 parts, dont 22 destinées aux comédiens[53]. Ce soir, mes ennemis sont les vôtres ». En décembre 1827[13], Victor Hugo fit paraître à Paris un important texte théorique en guise de justification de sa pièce Cromwell, éditée quelques semaines plus tôt, et dont l'histoire littéraire se souviendrait sous le titre de « Préface de Cromwell ». Le spectacle est dans la salle davantage que sur la scène, si ce n'est que l'héroïne, jouée par Mademoiselle Mars, écorche le célébrissime vers : « Vous êtes mon lion, superbe et généreux ». Une entrevue avec Charles X n'obtint pas davantage de résultat. C'est une lutte en commun. «la bataille d’Hernani» de Victor Hugo, Folioplus classiques no 152 Fiche réalisée par Olivier Decroix, professeur de chaire supérieure en classes préparatoires au lycée Henri-IV. Remontés à bloc, échauffés par de longues discussions préliminaires, les « Jeune-France » et « chevelus » romantiques du parterre, parmi lesquels se signalent Gérard de Nerval et Théophile Gautier, revêtu de son gilet rouge flamboyant, insultent copieusement les « perruques » et les « philistins » des tribunes qui restent fidèles aux règles classiques.
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